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Mon ado est violent : comment réagir ?

Mon ado est violent
© Inside Creative House Getty Images

Publié le par Marion Bellal

En collaboration avec Pauline Dujardin (Psychologue clinicienne)

Les parents dont l’adolescent est violent envers eux, les autres ou lui-même, n’osent souvent pas demander de l’aide. Pourtant, il est primordial d’être bien entouré et conseillé. Le point avec Pauline Dujardin, psychologue.

L’essentiel

Réalisé avec l’IA, validé par Parents.fr.

  • La violence chez l’ado est souvent le signe d’un mal-être profond. Elle ne doit pas être minimisée mais encadrée avec des limites claires, dès l’enfance.
  • Si les crises deviennent fréquentes ou concernent aussi l’école ou lui-même (addiction, mutilation…), il est essentiel de demander de l’aide : psychologue, adulte de confiance, changement d’environnement.
  • Les parents ne doivent pas culpabiliser ni rester seuls. L’important est de garder une posture solide et de chercher du soutien sans attendre.

L’adolescence peut parfois se transformer en une période de vie infernale pour l’entourage du jeune. Emprisonné dans un fonctionnement nocif, celui-ci peut faire preuve de violence envers ses parents, son entourage ou lui-même. Que la violence soit verbale ou physique, il est extrêmement important que les parents ne se referment pas sur eux-mêmes et osent demander de l’aide à leur entourage ou à des institutions extérieures.

Pourquoi un adolescent devient-il violent ?

À partir de 11 ans environ, l’enfant entre dans l’adolescence et entreprend une recherche d’identité, d’indépendance et d’autonomie. Il est alors tout à fait normal qu’il s’oppose aux figures d’autorité qui l’entourent, afin de se déterminer en tant qu’individu. Cependant, l’adolescent passe parfois, pour ce faire, via l’insolence, voire la violence.

« La violence est toujours le symptôme d’un malaise profond et ne doit donc pas être minimisée, incite Pauline Dujardin, psychologue clinicienne. Attention, par ailleurs, à ne pas confondre violence et agressivité. L’agressivité est une énergie positive qui permet de poser des limites et de s’affirmer, alors que la violence est la pathologie de l’agressivité. C’est ce qui arrive quand l’agressivité n’est plus contenue, qu’elle déborde. »

La violence chez l’adolescent peut ainsi être destinée à des figures d’autorité, notamment les parents ou les enseignants, dans une dynamique d’opposition, mais aussi à des pairs, à l’instar de camarades de classe ou de frères et sœurs, plus souvent alors dans le but d’imposer son individualité face à l’autre. Si la violence peut donc être expliquée, elle ne doit pas être excusée. « L’éducation d’un enfant ou d’un adolescent doit lui apporter des limites pour qu’il s’épanouisse en société, il faut donc parvenir à lui faire comprendre que son agressivité ne peut pas se transformer en violence », insiste Pauline Dujardin.

La psychologue rappelle que l’adolescence est le produit de l’enfance, et que les limites doivent donc être posées dès le plus jeune âge : « Même petit, il est primordial de réagir lorsque notre enfant est violent, et lui expliquer qu’il peut être en colère, mais qu’il doit contrôler son agressivité et ne pas taper. »

Bagarres, cris, insultes… quand s’inquiéter de la violence exprimée par un ado ?

En tant que parent, il est extrêmement difficile de faire face à la violence de son enfant ou de son adolescent. Il peut alors être tentant de la minimiser. « Il n’y a pas besoin de s’alarmer si ça arrive une fois, par exemple lors d’une bagarre avec un copain, rassure la psychologue. Mais il faut agir et recadrer lorsqu’on constate que les réactions violentes sont régulières. »

Si la violence s’exprime en majorité dans le cadre scolaire, notamment envers des camarades de classe que notre adolescent pourrait harceler, il est possible que ce soit un professeur, voire la direction de l’établissement, qui alerte les parents. L’adolescent peut aussi être violent envers lui-même. N’hésitons donc pas, en tant que parents, à tirer la sonnette d’alarme et à demander de l’aide à un professionnel si on constate un comportement à risque chez notre adolescent (addiction, mutilation…).

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Violence chez l’adolescent : comment réagir ?

Évidemment, il est bien plus facile de dire qu’il faut le faire, que de le faire réellement. « En général, il est excessivement difficile pour les parents de demander de l’aide et de reconnaître que leur adolescent est violent, d’autant plus lorsque c’est envers eux. Les parents ont tendance à culpabiliser, à avoir honte », constate Pauline Dujardin.

La spécialiste encourage alors les parents à consulter un psychologue, le travail pour sortir leur adolescent de ce schéma de violences pouvant être très long, démoralisant et dévalorisant. En revanche, la psychologue précise qu’il serait contre-productif de forcer un adolescent à consulter un psychologue s’il le refuse.

Pauline Dujardin recommande plutôt de chercher l’appui d’un autre adulte de confiance, un peu plus à distance du jeune. Des oncles et tantes, des amis, le coach sportif de son adolescent ou son professeur de musique… L’idée est d’encourager la création d’un dialogue entre notre adolescent et un autre adulte, avec lequel la relation est actuellement plus simple qu’avec ses parents. Si la psychologue encourage à se confier à un autre adulte de confiance et à dire qu’on n’y arrive pas, elle rappelle qu’il est important de ne pas avouer sa faiblesse (qui est pourtant bien normale !) devant son adolescent violent, pour préserver une image de solidité.

Si la création d’un dialogue avec une tierce personne ne suffit pas, la spécialiste conseille de sortir l’adolescent de son environnement. Service civique, inscription dans une association… Se retrouver dans un nouveau quotidien peut permettre à l’adolescent de se réinventer face à des personnes qui ne connaissent pas son comportement passif et sortir ainsi d’un schéma de violences.